La morphologie de la cardère sauvage est pleine de surprises. Par exemple, certaines de ses feuilles forment de petites coupelles où l’eau s’accumule: elle fait ainsi office de ‘fontaine aux oiseaux’ ou ‘cabaret des oiseaux’.
De la famille des Caprifoliacées, cette herbacée bisannuelle pousse le long des routes, des rivières et des fossés, et dans les friches, en sols profonds et souvent argileux.
Comme le pavot cornu, la cardère sauvage se développe la première année sous la forme d’une rosette basale avec des feuilles oblongues – plus longues que larges et à bords parallèles. Puis, lors de la deuxième année, la tige s’érige et fleurit à l’abri d’un capitule piquant. De petites fleurs violettes émergent d’entre les bractéoles (petites bractées) acérées des capitules. Comme chez les chardons, les capitules sont à leur tour entourés d’une collerette de longues bractées pointues, de 5 à 15cm.
Les fleurs attirent les papillons, les bourdons et les abeilles. De plus, la tige creuse abrite parfois la chenille du sphinx. Les fruits sont de petits akènes (fruit sec dont la graine n’est pas soudée à son enveloppe), de 5mm, très recherchés par le chardonneret élégant, qui les dissémine: on parle d’ornithochorie (dissémination par les oiseaux).
Les élégants capitules piquants qui se dorent au soleil font partie des beautés sèches de l’été. Ils sont également à l’origine du nom de ‘cardère’, dérivé du verbe ‘carder’. En effet, la cardère cultivée, Dipsacus sativus, a été exploitée au XIXème siècle pour ses capitules secs qui permettaient de carder la laine. Les « machines à lainer », aux cardes en fer, ont progressivement remplacé le travail manuel et la cardère cultivée a pratiquement disparu de nos contrées.

Le nom d’espèce « fullonum » renvoie en outre au foulon, qui désigne généralement le moulin à eau dans lequel on battait ou foulait les draps et la laine pour les dégraisser.
Si la cardère sauvage se nomme aussi cabaret des oiseaux, c’est que ses feuilles caulinaires (c’est-à-dire celles qui se développent sur sa tige), opposées par paires et soudées à leur base, forment une petite cavité qui recueille l’eau, et où les oiseaux peuvent se désaltérer.
Cette caractéristique morphologique est également à l’origine du nom de genre « Dipsacus », dérivé de « dipsaô » en grec qui signifie « j’ai soif », mais aussi des appellations vernaculaires ‘baignoire de Vénus’ ou ‘lavoir de Vénus’. En effet, la rosée retenue dans les cuvettes des feuilles de la plante, appelée « eau de nuit », était réputée pour ses propriétés cosmétiques (lutte contre les tâches de rousseur et les dartres).
Comme toutes les plantes sauvages, la cardère a été utilisée pour ses propriétés médicinales notamment en décoction de racines pour soigner les problèmes de peau, comme l’eczéma, l’impétigo ou le psoriasis. Aujourd’hui, cette même racine suscite de nouveau la curiosité car elle pourrait être utile contre la maladie de Lyme. Certains savoirs traditionnels rapportent que pour en guérir, il faudrait boire, plusieurs fois par jour, quelques gouttes d’un mélange de racines de cardère avec de la vodka. Santé !
Une réflexion sur « Dipsacus fullonum »