Grâce au système d’arrosage récemment mis en place, les grands arbres ont bien enduré l’été. Cependant, trois d’entre eux ont disparu. Trois ormes, emportés par la graphiose – à laquelle ils étaient censés être résistants.
Replantés à l’automne 2017 en remplacement de leurs prédécesseurs victimes de la sécheresse estivale, ces trois ormes nous ont laissé espérer une reprise normale pendant quelques mois. Mais au tout début de l’été, les premiers signes inquiétants sont apparus. Les feuilles, percées de petits trous, ont séché et sont tombées. Des rameaux entiers s’en sont trouvés nus. À l’évidence, les ormes étaient malades, contaminés par la graphiose.
Aussi connue sous le nom de la maladie hollandaise de l’orme, la graphiose est causée par le champignon Ophiostoma ulmi. Ce dernier est inoculé à un arbre sain par des scolytes (petits coléoptères xylophages) porteurs de spores du champignon, au moment de morsures à l’aisselle de rameaux. Après germination des spores, le mycélium envahit les vaisseaux des branches et du tronc. L’arbre contaminé est affaibli, son tronc peut alors être colonisé par les scolytes. Le mycélium envahit les galeries et y fructifie. Les spores contaminent alors la génération de scolytes émergents qui pourront propager la maladie à d’autres ormes.
La graphiose de l’orme serait d’origine asiatique. Apparue aux Pays-bas au début de XXème siècle, elle s’est développée dans toute l’Europe puis fut introduite en Amérique du Nord. Un nouvelle souche plus agressive apparut dans les années 70 à la faveur d’importations. L’épidémie qui sévit depuis a éliminé une grande partie des ormes adultes et radicalement changé le visage de certains bocages, boisements et plantations ornementales. L’espèce survit toutefois car la maladie laisse le temps aux jeunes sujets de produire des graines. On peut raisonnablement espérer que, parmi ces semis spontanés, un jour, apparaîtront des sujets résistants à la graphiose… en attendant, on tente de produire des cultivars satisfaisants. Les trois individus que nous avons vus dépérir sur la place des quais étaient censés en être…
Aucun remède n’étant connu à ce jour, et l’issue étant fatale, nous les avons abattus. Ils seront prochainement remplacés par une autre espèce sous forme de plants forestiers qui s’adapteront facilement aux conditions du milieu. Le sentiment de vide perdurera sans doute quelques temps… Mais la Belle Friche des Quais continue de pousser, de foisonner, et reste toujours très vivante.
Une réflexion sur « Dépérissement des ormes »