Dittrichia viscosa

providentielle pour l’abeille, fatale pour la mouche

Très courante, l’inule peut même devenir un brin envahissante. Les abeilles ne s’en plaignent pas. Elles profitent de sa précieuse floraison tardive, mellifère et généreuse en pollen, pour faire leurs dernières réserves avant l’hiver. 

Vivace au port touffu et érigé, l’inule visqueuse est une plante commune des friches, mais on la retrouve aussi dans les garrigues et les rocailles. Repoussés par son odeur, les herbivores l’évitent, et qui veut l’arracher sera mis en difficulté par la résistance de sa racine pivotante* qui peut atteindre 30cm de long. Une fois installée, elle n’est donc pas facile à déloger.

Si on la dit visqueuse c’est à cause de la résine, collante et visqueuse, à forte odeur de camphre, que produisent les poils glanduleux** dont ses feuilles et sa tige sont couvertes. Cette « résine » protège l’inule de l’attaque de micro-organismes, du fait de ses propriétés anti-fongiques et anti-bactériennes. Cet équipement chimique lui vaut d’être utilisée pour soigner rhumatismes, bronchites, troubles digestifs, maladies du système urinaire, etc. Notamment sous forme de tisanes et d’huiles essentielles.

D’un beau jaune vif, l’inule fleurit entre août et octobre voire jusqu’en novembre selon les régions. Ce petit soleil, qu’on prend généralement pour une seule fleur, est en fait un capitule, c’est-à-dire regroupement de fleurs – ou inflorescence, composé de fleurs ligulées (que l’on confond avec des pétales) et des fleurs tubulées (que l’on confond avec des étamines).

fleur inuleee

Ce type d’inflorescence est caractéristique de la famille des astéracées, dont l’inule fait partie, tout comme les marguerites, les chicorées, les pissenlits, les chardons, le cabaret des oiseaux, les pâquerettes, les soucis, les cosmos, les armoises, et des tas d’autres.

Au moment de la fructification, chacune de ces nombreuses petites fleurs produit un fruit nommé akène. Celui-ci est surmonté d’un pappus. Cette petite touffe de poils est une aigrette soyeuse de couleur rousse qui s’envole avec le vent et permet à l’inule de se ressemer facilement.

fruit inule

Sa dissémination*** est assurée par le vent, elle est donc anémochore – du grec « anemos » le vent et « khorein » se mouvoir.  (on vous a déjà parlé de plusieurs modes de dissémination ici).

La pollinisation****, elle, se fait grâce aux insectes butineurs en quête de nourriture, notamment papillons et abeilles. Les fleurs de l’inule sont dites mellifères car le nectar sucré qu’elles produisent est utilisé par les abeilles pour élaborer le miel. On trouve d’ailleurs dans le commerce (notamment dans nos régions) du miel d’inule visqueuse, récolté en garrigue à la fin du mois d’octobre. Les abeilles récoltent aussi le pollen, cette fine poussière produite par les fleurs mâles, riche en protéines et indispensable à la croissance des larves.

Excellent garde-manger, l’inule est donc très utile pour l’apiculture, mais ce n’est pas tout: elle est également surnommée ‘insecticide végétal’ en raison de son rôle dans le développement et la fixation de populations de prédateurs de certains ravageurs des cultures. Elle est notamment connue de longue date pour limiter efficacement la prolifération de la mouche de l’olivier et sa présence dans les oliveraies était traditionnellement favorisée.  Ses noms catalan « olivarda » et espagnol « matamoscas » témoignent de cet usage. Après avoir été systématiquement arrachée dans les oliveraies ‘rénovées’, elle est aujourd’hui réintroduite, surtout en agriculture bio.

 


* racine pivotante. Toutes les plantes ne développent pas leurs racines de la même façon. On parle de racine pivot quand on distingue une racine principale qui se développe verticalement, et sur laquelle apparaissent de plus petites racines latérales. Le modèle opposé est celui des racines traçantes, qui se développent principalement à l’horizontale.

**poils glanduleux: poils surmontés d’une glande ou d’une glandule

*** dissémination: dispersion des graines; le mode de dissémination des espèces végétales est un élément important pour comprendre l’évolution des cortèges végétaux et des écosystèmes. C’est également une donnée à prendre en compte pour tout jardinier fricheur. En général, les espèces anémochores (disséminées par le vent) sont nombreuses dans les premiers stades de la friche. On le vérifie sur la Place des Quais, où le couvert est largement assuré par des astéracées à aigrettes.

**** pollinisation: transport des grains de pollens des organes floraux mâles (étamines) vers les organes floraux femelles (pistil); la pollinisation est nécessaire à la fécondation qui assure la reproduction sexuée des plantes, et donc la production de fruits.

 

 

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2 réflexions sur « Dittrichia viscosa »

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